"Je vais vous conter mon histoire." Niko

Jadis, j’étais un guerrier, nommé Nikolaï Poljanov. Je me battais à l’épée, trouvant cette arme plus noble que les haches et autres instruments qui composaient notre arsenal. J’étais au service d’une grande armée et nous menions d’importantes batailles. Cette fois ci, notre objectif était de défendre une ville. Les premières batailles furent aisées, les hommes qui arrivaient face à nous ne semblaient pas prêts, et n’étaient pas d’assez fins stratèges. Mais un jour, la ville fut assaillie par de nouvelles forces inconnues.
Ces nouveaux guerriers étaient d’un noir profond. Ils semblaient venir d’un autre monde. Durant leur première attaque, leur nombre était tellement faible que nous avions faillis en rire, mais finalement, le combat avait été rude. Les soldats qui composaient cette armée sombre ne semblaient pas ressentir la douleur, et avaient l’air de faire front comme un seul homme. Ils ne parlaient pas, ne criaient pas, se déplaçaient sans aucun bruit. Leurs visages obscurs étaient semblables à des masques, ils n’exprimaient rien, même pas une certaine haine envers nous. Un seul avait figure humaine, il ne semblait pas les commander, bien que nous supposions qu’il était le chef. Il semblait simplement observer.
Le silence qui nous entourait se fit rompre aux premières passes d’épée. Leurs armes faisaient des sons stridents lorsqu’elles s’entrechoquaient avec les nôtres.
Nous ignorions le but de leur venue, mais leur seul objectif semblait de nous tuer tous.

Après une journée de bataille, nous les avions repoussés. Les quelques cadavres de ces guerriers sombres semblaient être faits de poussières, et s’effritaient au vent. Nous nous attendions à une nouvelle attaque de ces forces. Le ciel s’assombrit, et des gouttes commencèrent à tomber. Deux journées à guetter l’horizon. Ce soir, la pluie tombait dru, et la vague de pantins sombres arriva.
Au fur et à mesure que nous voyions les forces obscures s’avancer, notre appréhension grandissait. Cette fois ci, leur nombre était facilement le double du notre. Peu importe, nous devions protéger cette ville.

« Y’en a de l’autre côté aussi !! » s’écria un des nos éclaireur. Une seconde vague de guerriers sombres avançaient lentement vers la ville.
Elle semblait être prise comme dans un étau, qui se resserrait doucement.
Après un ordre du plus haut gradé, nous nous repartîmes rapidement pour obtenir environ le même nombre d’hommes de chaque côté.
« Tu penses qu’on va s’en sortir ? » demanda un de mes camarades, sur ma droite. Il tremblotait en serrant sa hache.
Je fis comme si je n’avais rien entendu, ne sachant que répondre.
Les guerriers sombres chargèrent. Un ordre fusa et nous partîmes au contact.

Tous ensemble, nous sommes allés vers dans la masse ennemie.
« Chargez !! »
L’idée ne semblait pas mauvaise au premier abord, mais rapidement, les forces sombres nous ont submergés. Dès lors, le combat semblait plutôt mal engagé.
Ils ne devaient pas passer, il fallait les contenir.
Notre première ligne résistait, en tentant de les repousser avec leurs boucliers, mais ils étaient trop nombreux.

J’étais en seconde ligne, attendant qu’un guerrier passe pour me jeter dessus.
« Attention ! »
Notre première ligne céda.
Les adversaires devinrent plus violents, cherchant à s’approcher de la ville, et combattaient ceux qui se mettaient en travers de leur chemin.

Les guerriers de l’ombre étaient vraiment adroits et rapides. Je me mis devant l’un d’eux pour l’empêcher de passer, brandissant mon épée. Il brandit la sienne, et le duel commença. Nos deux lames faisaient des étincelles en s’entrechoquant. A chaque coup, je sentais que sa force était bien supérieure à la mienne.

Peu à peu, cela devenait une tuerie, je voyais nos hommes tomber les uns après les autres. Nos pertes s’accentuaient alors que j’ignorais si des soldats sombres avaient trouvé la mort.
La bataille semblait perdue d’avance. L’espoir s’atténuait. Quoi qu’il arrive, nous ne pouvions pas abandonner. Pour l’honneur.
« Mort et Destruction ! » s’écriait-on pour se motiver.
C’était notre cri de guerre.

Autour de moi, je ne voyais plus que des guerriers sombres. J’allais mourir. Ce sentiment me submergeait, c’était imminent. La seule chose qui m’importait était de mourir en combattant. Conserver notre honneur, et mourir avec, c’était une des seules valeurs que les hommes de notre armée partageaient tous, sans exception.

Je parvins à surprendre mon ennemi et lui trancha une partie du visage d’un coup brusque. Sa mâchoire inférieure pendait. Cela semblait ne pas le déranger plus que moi. Il me surprit à son tour, en continuant de combattre avec fougue, puis finit par m’enfoncer son épée dans le torse. Au même instant, un second guerrier sombre me frappa au marteau dans le dos, l’épée me transperçait totalement.
Mes mains s’ouvrirent, laissant tomber ma lame et mon bouclier.
L’arme rougie par mon sang ressortit. Le guerrier passa à une autre cible, ne daignant même pas me mettre le coup de grâce. Mes jambes se dérobèrent et je tombai douloureusement sur la terre humide du champ de bataille. Je sentais ce liquide chaud couler de ma blessure, ma vie qui s’échappait.

J’observais. Notre armée n’était plus, il ne devait rester qu’une douzaine d’entre nous. L’armée sombre avait enfoncé la porte de la ville. Je sentais que j’allais perdre conscience d’un moment à l’autre. Des cris. J’essayai de bouger pour me tourner et mieux voir ce qu’il se passait, mais j’en étais incapable.
Des flammes s’échappaient de la ville que nous devions protéger. Nous avions échoué.
L’armée sombre faisait demi tour, victorieuse.
Et pourtant, ils repartaient comme ils étaient venus, en silence.
La pluie tombait sur mon visage. Je fermai les yeux.

Néant.

Je suis longtemps resté ici.
J’étais peut être mort, mais mon esprit était encore présent. Je pensais, donc j’étais.
Se ressasser sans cesse ce combat, cette défaite. Y réfléchir.

Le noir perpétuel. Plus aucune notion du temps.

Sensation étrange.
Lumière.

Comment était ce possible ?
Qu’est ce qu’il se passait ?
Je me posais plein de questions, mes sens étaient à l’affût.
Mes sens ? J’avais retrouvé une enveloppe charnelle ?

J’étais ébloui sans même avoir les yeux ouverts.
J’avais mal partout. Une odeur de chair putréfiée m’envahissait.
Un son continu semblait être émis autour de moi.
J’étais debout, vêtu seulement de lambeaux de mes anciens vêtements. Je tenais difficilement. J’attendais que mes yeux s’habituent à cette lumière et l’atténuent avant d’oser les ouvrir.
C’était étrange de se sentir dans un corps, endolori. Cela faisait tellement longtemps. N’arrivant plus à rester ainsi, je me laissais tomber à terre.
Peu à peu, mon épuisement laissait place à la curiosité. J’ouvris les yeux et regardait autour de moi. Une boule de lumière blanche était à coté de moi, au centre d’une sorte d’autel. Je m’assis.

Une petite fille s’approchait. Elle se mit à parler de tout et de rien.
Elle avait l’air curieuse, pleine de vie. Cela faisait plaisir à voir.

Péniblement, je me levai.
En me voyant, une guérisseuse appelée Lina m’adressa la parole.
« Beaucoup pensent qu’avoir un sanctuaire de résurrection et permettre aux gens d’avoir une deuxième chance est un acte très noble. Moi, ce n’est pas ce que je pense.
Qu’est ce qui vous amène ? »

Ainsi, j’étais donc revenu à la vie grâce à un sanctuaire de résurrection, miracle dont l’existence devait être récente.
La question de cette moniale me laissait froid, et je décidai de passer les portes d’une ville, toute proche de ce sanctuaire : Ascalon.

A l’intérieur, des gens couraient de tout côté.
Un marchand s’approcha de moi et me donna des vêtements simples, gratuitement. Je le remerciai et commençai à faire le tour de la ville. Au bout de quelques jours de ballades, je repris des forces et appris de nombreuses choses.
La magie était désormais omniprésente, et ceux qui ne s’y adonnaient pas étaient soit de costauds guerriers, soit des archers au regard perçant.
Un conflit se préparait.

Etant trop frêle pour redevenir un guerrier, je me décidai à me mettre à la magie. Mon choix se porta tout de suite sur la nécromancie, en raison de ma longue mort. De plus, mon apparence collait au mieux à ma nouvelle profession.
J'ai vite décidé de m'appeler The Dead Nikolaï, trouvant que ça me correspondait parfaitement.

C’est ainsi que je suis devenu le nécromancien que vous connaissez tous.