Une brise légère battait la campagne teintée de l’ocre du crépuscule. Une douce odeur de viande que l’on prépare à un bivouac flottait dans l’air et on entendait au loin des chants pleins de joie.
Le bonheur semblait emplir tout être vivant dans la région.
Tout être, sauf le petit garçon de cinq ans qui, terré comme un animal dans le creux d’une souche, tenait contre sa joue humide, une main. Une main, la seule chose qu’il avait put dérober aux trolls qui festoient de son village, de sa famille.
Hans se réveilla en sursaut, son sommeil agité par ses cauchemars, et resserra l’étreinte de sa pelisse sur ses épaules, soudain prit de frissonnements incontrôlables. Ces souvenirs le hantaient de plus en plus régulièrement, tout comme ces douleurs venaient lui labourer les entrailles de plus en plus souvent. Le vieux guerrier se jeta sur les restes de son repas, y mêla quelques plantes, ingurgita le tout et sentit enfin sa tension artérielle redescendre. Il se rencogna contre le mur glacé, toujours emmitouflé, et sombra de nouveau dans les bras de Morphée.
Une arène. Sous la pluie. Le sol est transformé en boue, le jeune homme a du mal à soulever ses jambes. Un cri, une bourrasque, et le voila propulsé à plusieurs mètres, retombant lourdement sur le sol spongieux avec un horrible bruit de succion. Il se relève à grand peine, pointant son épée dans le vide, n’arrivant pas à apercevoir son adversaire. Une grande voix fait soudain vibrer l’air, ordonnant au jeune de se punir pour sa stupidité. Une expression d’horreur peinte sur le visage ce dernier pointe son épée vers un endroit de son ventre déjà largement balafré et avec un grand cri…
Ce n’était même plus un cri. Un hurlement plus qu’autre chose ! Hans s’agitait vainement sur le sol de la caverne, s’arrachant des cheveux, se martelant la poitrine, hurlant comme un damné. Pourquoi revivait-il tout cela ? D’abord la perte de sa famille, ensuite ses humiliations à l’académie magique, et maintenant, qu’allait il avoir à subir ? Il n’eut pas le temps de répondre à son interrogation, une douleur infernal se saisit de lui et le cloua au sol. Il attrapa tant bien que mal de son marteau, le souleva à bout de bras, et le lâcha au dessus de sa tête.
Le voila maintenant devant une sombre statue. Il est entouré de sombres formes qui, de temps à autre, plongent à travers lui, puis reprennent leur place. Chacun de leurs passages lui arrache un cri mais il tient bon, déterminé à endurer tous les traitements qu’Il jugera bon de lui infliger. A chaque fois qu’ils passent en lui il sent partir une part de lui-même, de son âme. Enfin les attaques spectrales cessent et une voix glacial, d’outre tombe, se fait entendre demandant au guerrier s’il est bien sûr de son choix. Celui se contente d’acquiescer et, étendant ses bras, hurle tandis que la statue soudain animée plonge dans son corps un cœur palpitant.
Les douleurs avaient stoppées. Hans se relevait sur son séant, tremblant de tout son corps. Il regarda ses mains noueuses, ses bras épais comme des troncs, ses courtes jambes mais puissantes, puis conclut que son heure n’était pas encore venu. Il se remémora le soir où, lassé de ses échecs, il avait offert son corps à Grenth en échange de la force qui était désormais la sienne. Il fut cependant interrompu dans ses réflexions par quelque chose qui semblait couler entre sa peau et ses muscles, créant de grosses excroissances. Il se releva, attrapa son marteau, noua sa pelisse et partit en chasse. Ils avaient faim et il devait les nourrir.