Fredyl Atterreur et sa lumière...

Bien avant que les hordes de charrs ne ravagent Ascalon et ses alentours, le jeune Fredyl, fraîchement émoulu de l'académie de magie théorique élémentaire de Nowhere, reçut officiellement son premier sort d'un jeune maître instructeur à la sortie d'Ascalon. Un sort de feu, lui permettant de faire de gros dégâts sans le moindre effort, Fredyl débordant d'energie depuis l'enfance.

Fredyl sût ce jour là que les éléments étaient ses alliés naturels et que la folie des hommes visant à s'équiper en armes et armures n'était à ses yeux que vanité, la vraie arme ultime d’un homme étant son esprit, tandis que l’armure sans faille se trouverait dans la cohésion avec ses compagnons d’armes. Ce fût alors pour lui comme un nouveau départ.

Il croisât ce même jour sur le chemin de l'abbaye d'Ashford un colporteur ambulant et laissa tomber à ses pieds sa baguette magique ainsi que ses vêtements d'apprenti élémentaliste. Maladresse ? Oubli ? Malveillance ? Toujours est il qu'en entrant à Ashford, ses vêtements avaient définitivement disparu derrière lui. C'est nu comme un ver, ou presque, qu'il pénétra à l’abbaye.

Là-bas, il essuya moult quolibets de la part de héros de pacotille. Mais un moine débonnaire et ventripotent venu se recueillir à l'abbaye se décida à l'aider, en commençant par lui prêter son short de rechange. L'essayant, Fredyl se rendit compte que ledit vêtement n'était pas à la bonne taille. Alors, le moine bienveillant l'enjoignit de le suivre au dehors. Fredyl lui emboîta le pas, d’une foulée légère. Ensemble, ils tuèrent quelques créatures hostiles et ramassèrent à cette occasion certains objets, qu'il échangèrent auprès d'un collectionneur avide contre une paire de gants tous neufs. Puis le moine, avec la satisfaction du devoir accompli lui expliqua qu'en collectionnant certains objets et en les rapportant à la bonne personne, il était possible de se vêtir à moindres frais. Fredyl se procura successivement bottes et pantalons… Mais il se refusa à se procurer toute robe d'élémentaliste, de même qu'il se promit de se passer d'arme tant qu'il aurait assez de fougue et d'énergie pour se servir uniquement de ses formidables ressources mentales, afin de prouver aux baradors de la terre entière combien il était illusoire de croire que la force d’un héros se trouve dans son équipement davantage qu’en lui même.

Notre fougueux élémentaliste demeura longtemps éloigné des préoccupations de castes et guildes, hostile qu'il était à toute idée de cape et préférant avancer l'esprit libre. Puis un jour, Uvatha, fidèle compagnon, vint le trouver afin qu'ils créent une guilde qui regrouperaient des aventuriers avisés. Fredyl le rebelle accepta de fonder cette guilde, à la seule condition de demeurer décapé en toutes circonstances. Ainsi naquit l'Alliance des Décapés – DKP. Cette guilde connut un essor certain, croissant régulièrement, mue par un état d’esprit des plus espiègles, empli de fraternité et agréable à vivre. Elle atteint le nombre respectable de 40 membres. Outre Uvatha, Fredyl y fit venir la célèbre Mira Calix, également diplômée de l'académie de magie théorique élémentaire de Nowhere, et Tan Lung, le guérisseur le moins avide de l'Est. Mais certains membres des DKP que Fredyl n'avait pas recrutés directement commencèrent à faire siffler leurs langues… et le venin afflua sur leurs crocs tout en faisant souffler le vent insidieux de la discorde au sein de la guilde. Notre élémentaliste qui s'était engagé depuis le premier jour à libérer la place de décisionnaire dès l'instant où ses choix seraient remis en cause, n'eut d'autre choix que d'abandonner cette guilde qui lui était pourtant si chère et pour laquelle il s'était battu de toute son âme avec tout à la fois l'énergie de la fourmi et le chant de la cigale.

Il partit alors en Exil, accompagné par le seul Tan, fidèle parmi les fidèles, tirer les enseignements de cette formidable aventure, sa foi chancelante mais néanmoins toujours préservée. Son ascension, obtenue sans arme ni armure, réussie avec une déconcertante facilité ne lui apportât qu’une mince satisfaction.

Durant l'Exil, Fredyl se résolut à s'essayer au maniement des armes, pour y puiser un fond d'energie supplémentaire pour les fins de bataille. Puis un jour, il eût une vision. Il entrevit une guilde nouvelle. Dont les membres auraient tous en commun une même foi, basée sur le goût de l'aventure, la gaieté dans les cœurs et l'implacable efficacité sur le champs de bataille. C'est ainsi que naquit la Lumière Noire. Dès les premières heures, Moran Sombrelame, le guerrier le plus redoutable que Fredyl ait jamais rencontré en fissure, vint intégrer cet embryon de guilde, suivi peu de temps après par la très belle Dunan et le très laid Nikolai.

Longtemps, la Lumière Noire ne fut qu’un infime rayon infranoir, indetectable à l’œil nu, ses membres se comptant sur les doigts d’une main. Pendant ce temps, Moran Sombrelame s’entraîna sans relâche entre deux missions afin de devenir le meilleur des gladiateurs. Dunan Strongarm partit fortifier son âme en des lieux connus d’elle seule. Tan continua a épauler Fredyl sans relâche, vaille que vaille. Nikolai continua à tracer le chemin à chaque sortie en milieu hostile, débusquant les monstres enfouis sous terre aussi sûrement qu’un porc de race déniche les truffes. Pendant ces temps difficiles, un esprit solidaire indéfectible se noua entre les membres et s’amplifia encore et encore. Une âme et une essence étaient là, solidement installés. Et c’est dans ces conditions que finit par se produire un « effet boule de lumière », des aventuriers parmi les plus vaillants, venus des horizons les plus variés, demandant à intégrer la Lumière Noire les uns après les autres, chaque nouveau venu apportant sa touche personnelle à ce subtil et hypnotique jeu de lumières...

Mais l’histoire de Fredyl et de la Lumière Noire ne s’arrêtent pas là.